#4 - Appuyer sur pause
Ou comment gérer les périodes hors mission
Je vous écris depuis le TGV Bordeaux Paris, de retour de quelques jours de vacances dans ma région d’origine. Une petite semaine dans le sud, ponctuée d’un court séjour en Espagne “pour voir la mer”, ce qui me ressource toujours autant (le Pan con tomate et le Jabugo n’y sont pas totalement étrangers…)
Cela fait tout juste quatre semaines que j’ai terminé une mission qui m’a littéralement “absorbée” pendant 6 mois à temps plein ! Une mission géniale - au sein des équipes française du géant du streaming (tudum !) - et dans laquelle j’ai plongé à pieds joints pour ne pas en perdre une miette. J’ai eu la chance de collaborer sur des projets hyper variés, créatifs et stimulants. Le changement de rythme a été assez violent je dois l’avouer, même si je m’y étais préparée, et même si je suis habituée à gérer des périodes d’intense activité, suivies de période de calme relativement plat.
Cette alternance de rythme est une constante de mon métier de consultante indépendante, et elle demande une certaine capacité d’adaptation… sur laquelle je continue de travailler, même après 8 ans d’entraînement !
Je dois préciser que cette alternance entre des grosses mission et des périodes de calme n’est pas le fait de tous les consultants freelance. Certains consultants arrivent plutôt bien à lisser leur activité sur l’année. Ce n’est pas mon cas, et mon modèle repose - pour l’instant - sur des missions relativement intenses et longues (minimum 3 mois sur les dernières années d’exercice).
Alors, comment on fait pour gérer les montagnes russes niveau rythme ?
La période de travail “en mission”
En général, quand je commence une nouvelle mission, je sais que je vais avoir peu de temps pour gérer le reste, c’est à dire l’administratif (je pense d’ailleurs que ma comptable me prend pour une folle et qu’elle se demande comment je peux être efficace chez mes clients alors que je suis une quiche pour faire mes notes de frais), la prospection (qui ne doit théoriquement jamais s’arrêter), les séances de coaching (une bouffée d’oxygène), la communication sur les réseaux (pour rester visible et si possible “top of mind” pour ses prospects), et bien sûr les RV chez le médecin, les déjeuners avec les copines (surtout l’été en terrasse), les expos (pour s’inspirer et s’aérer la tête), les cours de Pilates, etc…
La règle que je me suis fixée jusqu’à présent, c’est donc de ne passer que 4 jours par semaine AU MAXIMUM sur la ou les mission(s), et de garder AU MINIMUM 1 jour plein par semaine pour moi, c’est à dire pour développer mon business (mais bon vous l’aurez compris on fait parfois des exceptions quand Ted S vous appelle).
Le rythme idéal pour moi c’est 3 jours par semaine en mission et 2 jours pour moi. Ce rythme permet de vraiment bien délivrer chez le client, et il permet de garder 2 jours pour le reste dont je parlais plus haut, ou pour répondre à une demande ponctuelle supplémentaire. Ces 2 jours “off” sont vraiment nécessaires aussi pour s’aérer la tête et décompresser, les journées de mission d’un consultant étant souvent bien plus intenses qu’une journée de travail d’un salarié (du moins c’est le cas pour moi depuis que je suis à mon compte).
La période de travail “hors mission”
Cette période est bizarrement plus facile et plus difficile à vivre. Quand je suis en mission je me concentre à fond et j’essaie de me plonger le plus possible dans la problématique et la culture du client. Et je pense au moment où la mission va s’arrêter avec un sentiment mêlé de joie (youhouuuu je vais enfin pouvoir lire / rêvasser / me balader / faire des expos - ou aller au cinéma* - en semaine en plein après midi / repeindre la cuisine / ranger la cave / prendre des cours de chant / dessiner / faire des moodboards sur tous les projets que j’ai en tête…), et d’appréhension (ahhhhhhh j’ai pas de clients, personne ne va m’appeler, je ne trouverai plus jamais de mission, je vais mourir, seule et sans le sou… bon j’exagère un peu, mais vous voyez l’idée).
Les premiers jours sont assez faciles à remplir : prendre tous les RV médecin en retard, trier le courrier qui parfois s’est accumulé, ranger, faire des machines (oui, soudain j’ai une frénésie de ménage, alors que ma maison est totalement sous contrôle je vous rassure…), reprendre le sport et souvent m’accorder quelques jours de pause (“après tout j’ai bien travaillé, j’ai bien le droit de prendre quelques jours off”**…). J’en suis donc là, à l’instant où je vous parle. Il me reste encore quelques tâches sur ma to do list (la cuisine n’est pas repeinte, la cave n’est pas rangée ah ah ah !) mais globalement la phase de transition est finie.
Et là il y a comme un petit flottement… Je suis partagée entre l’envie (et le besoin !) de retrouver fissa un nouveau client, et le désir de prendre le temps de me poser, pour réfléchir à mon business, aux projets que je pourrais développer pour faire évoluer mon activité, pour tester de nouvelles choses, pour innover (l’innovation c’est mon domaine après tout !).
Dans ces périodes, en général, je note beaucoup de choses dans mes carnets, je fais des plans sur la comète, je lis des bouquins ou des newsletters en lien avec les projets qui me trottent dans la tête, je réfléchis beaucoup… et je fais des nouvelles to do lists (retravailler mon positionnement / revoir mon offre / refaire mon site web…). C’est stimulant intellectuellement mais globalement peu efficace.
Et donc cette fois ci j’ai décidé de tenter une nouvelle approche : passer moins de temps à réfléchir et plus de temps à tester des choses. C’est assez ironique (pour ceux qui sont familiers avec les processus d’innovation et de créativité) car c’est exactement ce que je prône dans mon métier quand je forme à l’innovation ou que j’accompagne un projet : ca ne sert à rien de faire des plans sur la comète et d’analyser le projet sous tous les angles pendant des semaines, il faut au contraire se mettre en action pour prototyper - tester - analyser - modifier etc … et ainsi, étape par étape, le projet prend forme, voire se transforme, se structure et s’adapte.
Alors voilà cette newsletter est le résultat de ma nouvelle approche. C’est une première brique, la première brique d’un mur (ou d‘une maison… que dis je, d’un palais, soyons fou !) que je suis en train de construire. Et pour l’instant je dois dire que je trouve ça plutôt fun !
Ma truelle et moi vous souhaitons un bon week end !
* Ca ne j’y suis encore jamais arrivée (culpabilité quand tu nous tiens…)
** Culpabilité quand tu nous tiens bis


